Your Name

Chargement Évènements

[Ciné découverte] – VOST (JP) – De Makoto Shinkai

Avec Yoann Borg, Ryûnosuke Kamiki, Alice Orsat
28 décembre 2016 en salle / 1h 50min / Animation, Fantastique

Synopsis et critique : Utopia

Your name nous arrive précédé d’une réputation hors norme : film phénomène au Japon, énorme succès critique et public, le film a détrôné à la troisième place du box office national de tous les temps l’indéboulonnable Princesse Mononoke du maître Miyazaki. Les studios Ghibli de Miyazaki et Takahata régnaient sans partage sur l’animation japonaise… jusqu’à ce que surgisse le tout jeune Makoto Shinka. Et vous savez quoi ? Cette réputation n’est pas usurpée, ce succès est bien mérité !
Au cœur de Your name, conte fantastique contemporain aussi romantique qu’impressionnant visuellement, il y a deux personnages d’adolescents qui n’ont rien en commun. Mitsuha est la fille aînée du maire d’un petit village de la région montagneuse de Ginfu. Depuis la mort de sa mère, elle vit avec sa grand-mère et sa jeune sœur, et se montre très soucieuse de faire perdurer les traditions (fêtes ancestrales, fabrication d’un saké « très spécial », danses rituelles), tout en désirant plus ou moins secrètement, comme beaucoup d’adolescentes des régions rurales, de quitter son cocon pour mener une vie trépidante à Tokyo. Justement à quelques centaines de kilomètres vit Taki, lycéen tokyoite qui se partage entre ses études, ses sorties entre amis, sa passion du dessin et un petit boulot dans une pizzeria, dirigée par la troublante mademoiselle Okudera, qui littéralement le subjugue.

Deux existences parallèles qui ne devaient jamais se croiser… mais voilà : la nuit, chacun sans le savoir rêve de l’existence de l’autre, s’imagine dans le corps de l’autre, se surprenant au réveil dans un corps qui lui semble étranger. Chacun des deux adolescents va commencer à enquêter pour savoir si l’être qui hante ses songes existe vraiment, par delà le temps et l’espace. Une quête trépidante, pleine de rebondissements, une course contre l’inéluctable et contre une catastrophe annoncée dont on ne vous dira évidemment rien de plus…
Le charme du film tient d’abord à la richesse de ses thématiques, intelligemment explorées : la question très bouddhiste du double ou de l’âme sœur existant quelque part dans le monde, celle de l’âme qui habite un autre corps, ignorant d’ailleurs les frontières de l’identité sexuelle – le manga japonais est friand des personnages qui changent de sexe. Et puis aussi le thème de l’opposition éternelle au Japon entre tradition et modernité, entre une vie rurale qui respecte depuis des siècles les mêmes coutumes et la vie de Tokyo où le Japonais urbain est condamné à respecter de nouveaux rituels dictés par la dictature du succès économique. Une nouvelle norme rejetée par nombre d’adolescents qui veulent vivre autrement et ailleurs.
Très présente aussi dans le film l’obsession de la catastrophe, qu’elle soit naturelle, guerrière ou technologique, dans un pays traumatisé par les grands tremblements de terre, les tsunamis, par les bombardements de Nagasaki et Hiroshima et par l’accident nucléaire de Fukushima.

Mais tous ces thèmes passionnants ne feraient pas un aussi grand film s’ils n’étaient pas transcendés par une incroyable splendeur plastique, autant dans la description minutieuse des paysages urbains ou ruraux (à tel point que la région du Ginfu a vu sa fréquentation touristique augmenter de manière spectaculaire grâce au dessin animé) que dans certaines scènes de fiction inoubliables comme celle de la chute de météorites.

Aller en haut