[Cinéma] – Séances : 11/02 à 20h15 en VF et 12/02 à 17h en VOST (US) – De Damien Chazelle
Avec Brad Pitt, Margot Robbie, Diego Calva
3h 09min / Historique, Drame
Synopsis et critique : Utopia
Avec Babylon, le wonder boy Damien Chazelle pousse les feux avec une extravagance assumée et une virtuosité qui impressionne. On sait depuis Whiplash (le film qui le révéla au festival de Cannes 2014) et La La Land que Chazelle fait de la musique une composante forte de sa mise en scène. Elle est encore une fois dans Babylon une des pierres angulaires de la réussite du film. Elle dispense un jazz sauvage et frénétique absolument raccord avec l’ambiance folle qui nous est donnée à voir.
Chazelle nous entraîne dans ce qui n’était pas encore Hollywood, au début des années 1920, à l’époque où le cinéma est encore muet. Et pourtant fait de bruit, de fureur, de folie et d’une passion qui dévore ceux qui le fabriquent. Tout commence dans le désert californien. Le jeune Manuel attend sous un soleil de plomb une bétaillère qui n’arrive pas. Son problème, c’est qu’il doit livrer sa cargaison dans la maison d’un riche producteur, chez qui se déroulent des fêtes hors normes. Et ce soir-là, le clou du spectacle c’est l’éléphant qui broute tranquillement derrière Manuel en attendant d’être transporté…
Cette première séquence vous mettra directement dans l’atmosphère « bigger than life » des trois heures qui vont suivre. Manuel est le premier des personnages que nous suivrons et qui fera office de candide. C’est un jeune Latino, arrivé très jeune du Mexique voisin avec ses parents. Il ne fait plus attention aux humiliations quotidiennes, petites ou grandes, qu’il subit de la part des Yankees qu’il côtoie. Il fait office de factotum pour le compte du fameux producteur : c’est l’homme à tout faire, du convoyage d’éléphants à l’escamotage de jeunes actrices overdosées qui s’écroulent là où il ne faut pas… Bref, c’est un producteur né mais il ne le sait pas encore. Vient ensuite Nellie LaRoy, jeune femme dévergondée qui sera actrice ou… rien. Manuel la croise alors qu’il vient de virer de la fête un gallinacé voleur de coke. Pour sa part Nellie n’a pas de carton d’invitation. Leur amitié sera pour la vie et Manuel deviendra Manny. Et puis il y a Jack Conrad, acteur absolu de ces années folles, une sorte de mix de John Gilbert, de Douglas Fairbanks et de Rudolph Valentino, capable sur son seul nom d’enclencher la production d’un film pharaonique. Il est au sommet de sa gloire mais c’est un acteur fini qui ne le sait pas encore… C’est à travers le regard et le vécu de ces trois personnages que nous allons vivre cette folle histoire d’un Hollywood naissant.
Babylon est un film assez monumental, tant par sa durée que par son ambition. Il ne fera sans doute pas l’unanimité mais ce n’est visiblement pas son but. Il s’inscrit dans la lignée de films tels que Le Loup de Wall Street de Scorsese ou Il était une fois à Hollywood de Tarantino. Et même si Chazelle n’atteint pas le niveau de maîtrise de ses deux prestigieux ainés et qu’il pêche parfois de trop vouloir choquer, il signe avec Babylon une lettre d’amour passionnée et romantique au Cinéma et à ces aventuriers qui ont ouvert la voie d’un art qui n’en finit pas de nous faire rêver.