The Quiet Girl

Chargement Évènements

[Cinéma] – VOST (IE) – De Colm Bairéad

Avec Catherine Clinch, Carrie Crowley, Andrew Bennett
1h 36min / Drame

+ Sientje – 1997/FR-PB/4mn (court métrage précédant le film)

Synopsis et critique : 

Discrète, très discrète – on la croirait muette ou à tout le moins mutique –, Cáit est une fillette tout à fait charmante, au regard irradiant l’intelligence, qui, c’est un euphémisme, peine à s’épanouir dans la ferme familiale. C’est que la rude condition d’agriculteurs de ses parents, dans cette Irlande verdoyante et pourtant aride des années 80, n’est guère joyeuse et ne les incite pas aux démonstrations débridées d’amour familial. Mais la condition ne fait pas tout et, malgré la fratrie qui semble ne jamais cesser de s’agrandir, difficile de percevoir des éclats de bonheur dans cette vie paysanne où tout respire la résignation à la pauvreté, entre les beuveries et les découcheries du mari qui laisse son exploitation partir à vau-l’eau et les grossesses à répétition de la mère enchaînée à sa ribambelle de gamins.

La « vagabonde », comme la surnomme son père, tait soigneusement sa vie intérieure, ses émerveillements simples, comme elle cache à sa famille ses escapades, ses angoisses et ses petits secrets de petite fille. Cultivée sans passion sur une terre trop avare, Cáit est une fleur en bouton, qui ne demanderait qu’à s’ouvrir pour peu qu’on laisse entrer le soleil, qu’on lui prête un peu d’attention… L’occasion pourrait s’en présenter lorsque, à l’approche d’un nouvel accouchement, le couple, ne pouvant s’occuper de la multitude de mômes, décide d’envoyer pour l’été la gamine en « vacances » chez Seán et Eibhlín – de lointains cousins (du côté de sa mère) plus âgés qui exploitent eux aussi une ferme, à quelques heures de route de là. Et, ô surprise : chez ces gens-là, point de criailleries, de reproches, de coups, de mensonges et de ressentiments. Tout au contraire, malgré les blessures de la vie, de la douceur, de l’attention, de la tendresse même… une découverte pour Cáit qui, d’abord prudente et réservée, abandonne peu à peu ses défenses et, invitée à participer à la vie de la ferme et de la maisonnée, ose enfin s’exprimer, sourire, se laisser aller à vivre.

Simple, délicat, tout en retenue, The Quiet girl suggère plutôt qu’il ne dit les choses. Le cinéaste irlandais trouve la distance idéale pour adapter le roman de Claire Keegan, en se mettant à hauteur de l’enfant, raconter sans mièvrerie aucune cette parenthèse enchantée qui révèle Cáit à elle-même et insinue un rayon de soleil dans la vie du couple vieillissant qui l’accueille.
« Au plus proche de sa jeune protagoniste principale, incarnée avec grâce par Catherine Clinch, la caméra de Bairéad intègre ça-et-là ce qu’il faut de détails pour exprimer comment la vie de cette enfant se transforme loin de ses parents négligents, chez ces cousins éloignés qui lui témoignent cette gentillesse et cette affection dont elle a jusqu’alors manqué.

La simplicité (apparente) du film lui confère finalement une belle puissance émotionnelle. Soigneusement mis en scène et magnifiquement photographié, il envoûte par sa délicatesse et sa fragilité, pour simplement raconter qu’un enfant a besoin d’amour et d’attention pour grandir et s’épanouir. Lorsqu’elle jaillit de leur réserve de parents d’occasion, la bonté de ces deux adultes cabossés touche en plein cœur et pulvérise toute once de cynisme. Un joyau discret, engageant et bouleversant ». (entre guillemets, extrait du texte de T. Perillon dans lebleudumiroir.fr)

Aller en haut