Toni en famille

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[Cinéma] – De Nathan Ambrosioni

Avec Camille Cottin, Léa Lopez, Thomas Gioria
1h 36min / Comédie dramatique, Drame, Comédie

Synopsis et critique : Utopia

Ils se comptent sur les doigts d’une seule main, mais en avoir la responsabilité est une mission qui pourrait sans conteste être considérée comme le treizième des travaux d’Hercule. Ils sont 5 mais font autant de bruit qu’une classe surchargée, la veille des vacances scolaires. Le club des 5 : les enfants d’Antonia – Toni pour faire court – qui, c’est le moins qu’on puisse dire, occupent tout l’espace de sa vie. Une existence de parent ordinaire, à gérer le quotidien, les repas, les courses, le linge, les devoirs, les trajets, les tracas, les bobos, les prises de bec, les cris, les larmes, les joies, les colères… Malgré sa grande solitude de maman solo (très vite et sans que cela ne soit ni éludé, ni franchement évoqué, on comprend que le père est décédé), Toni gère tout cela de main de maître, avec fantaisie et une bonne dose d’impro, cultivant depuis toujours l’art de l’autodérision, une ironie délicieuse et une façon bien à elle de nourrir un attachement complice avec ses gamins.

Mais les enfants, c’est bien connu, ça grandit vite et l’heure est aux changements. Car s’il y a une chose à laquelle on ne pense pas, au tout début de l’histoire, c’est que ces petits êtres joufflus, tout fragiles, mignons et sans dents, vont un jour avoir des boutons d’acné, un appareil d’orthodontie (si t’as pas ton appareil dentaire à 14 ans, t’as raté ta vie d’ado !), du poil aux pattes, un téléphone portable vissé au bout des doigts et de furieuses envies de rébellion, d’indépendance, de sexualité, de liberté… L’adolescence, quoi. Et Toni, elle a vraiment fait fort : les petits derniers y arrivent à pas maladroits et les plus grands y sont plongés jusqu’au cou… A l’heure du choix des études, des projets professionnels qui se décident (ou pas) et du cordon qu’il faudrait, peut-être, envisager de couper, c’est aussi pour elle l’heure du bilan. Toni réalise qu’à part avoir chanté un tube quand elle était jeune (pour faire plaisir à sa mère) et poussé la chansonnette dans des bars un peu minables pour gagner sa croute, elle n’a pour ainsi dire jamais travaillé (hormis bien entendu ce travail à plein temps, sans contrat, sans salaire, sans congés payés, sans jour de repos que constitue la vie de mère au foyer). Alors c’est décidé, elle va reprendre les choses en main et faire un truc qu’elle n’a jamais fait : penser à elle, rien qu’à elle, être un tout petit peu centrée sur sa belle et sensible personne.

Pour son deuxième film à seulement 23 ans, Nathan Ambrosioni nous livre un portrait de femme très juste, à la fois émouvant et drôle, entre comédie légère et drame psychologique. Camille Cottin est de presque tous les plans et elle est formidable en mère partagée entre son amour inconditionnel pour ses pioupiou et son désir viscéral, presque vital d’enfin voler de ses propres ailes, à quarante printemps passés. Le film interroge aussi les relations tumultueuses et la communication parfois chaotique qui se jouent au sein de ces grandes fratries où il peut être difficile de trouver sa place et d’affirmer ses choix.
Toni en famille, c’est un hommage sincère aux mamans imparfaites, qui doutent, se remettent en question et qui aiment passionnément.

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