La petite

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De Guillaume Nicloux

Avec Fabrice Luchini, Mara Taquin, Maud Wyler
1h 33min / Drame

Synopsis et critique : Utopia

En 30 ans de carrière, Guillaume Nicloux s’est imposé comme l’un des cinéastes les plus éclectiques du cinéma français. Plus discret sans doute qu’un François Ozon, il partage avec lui un vrai goût de l’aventure, n’hésitant pas à radicalement changer de style, de genre et de répertoire d’un film à l’autre. Après avoir installé un climat de terreur dans les salles avec La Tour (sorti en février dernier), huis-clos oppressant d’un noir profond, il enchaîne ainsi avec un récit beaucoup plus classique dans la forme et le fond. Pour autant, et c’est peut-être le dénominateur commun à tous ses films, on retrouve ici un attachement profond du réalisateur pour ses personnages, une tendresse toute particulière qui leur est portée à chaque plan, donnant aussi aux comédiens l’opportunité d’offrir le meilleur d’eux-même, avec complicité et simplicité. Dans un rôle plus discret que d’accoutumée, un peu à contre-courant, Fabrice Luchini fait preuve d’une délicatesse touchante, qui s’incarne ici plus par le langage du corps que par celui du verbe, qu’on lui connait habituellement.

Joseph est ébéniste. Solitaire depuis qu’il est veuf, et de plus en plus taiseux. À la compagnie des hommes, il semble préférer celle du bois. Plus noble, plus vivante, plus intense, plus fiable. Contrairement aux humains, le bois ne déçoit pas, ne vous laisse pas en plan, il est toujours là, prêt à révéler ses trésors. Joseph est un esthète, il aime la beauté simple d’une patine, d’une rainure, d’une courbe, et celle brute d’une planche à qui il offrira la possibilité de révéler ses intimes secrets. Quand il apprend le décès brutal de son fils dans un accident d’avion, il ne va pas chercher à comprendre, ni trouver des coupables, des responsables, ou même se battre pour connaître la vérité. Il laisse cela aux procéduriers, aux blablateurs, à ceux qui préfèrent accorder du temps et de l’énergie aux choses matérielles. Il laisse cela aux parents du compagnon de son fils, qu’il n’appréciait pas beaucoup, lui aussi mort dans l’accident. Son fils n’est plus et le voilà seul avec ses regrets, son chagrin.
Mais lorsqu’il apprend que son fils allait être papa, qu’un bébé qui est donc de son sang va naître et que, tout comme lui, il va être « orphelin », il n’a plus qu’une idée en tête : partir à sa recherche.
C’est comme une évidence, un appel, un lien invisible qui le raccroche à ce fils disparu, lui qui avait pourtant laissé s’installer bien des distances et des silences entre eux deux au fil des ans.
La mère porteuse est une jeune femme qui vit en Belgique, elle est enceinte jusqu’aux dents, elle est tempétueuse et très en colère de ce « cadeau » que le destin lui a laissé entre les bras, sans même qu’elle ait pu toucher les « dédommagements ».

Avec une certaine maladresse, et l’énergie un peu folle du désespoir d’un père qui préfère mettre de côté le moment du deuil, Jospeh se lance avec vivacité et insouciance dans cette quête : offrir la plus belle vie à cet enfant en devenir.
Tout est réuni pour que cela fonctionne à merveille, sans pathos excessif ni ruptures de ton impromptues qui pourraient briser ce fragile équilibre, quelque part entre le drame et… et quoi d’ailleurs ? Peu importe, laissons nous raconter cette histoire sensible et touchante, voilà tout !

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