Killers of the flower moon

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VOST (US) – De Martin Scorsese

Avec Leonardo DiCaprio, Lily Gladstone, Robert De Niro
3h 26min / Thriller, Drame, Historique

Synopsis et critique : Télérama

Oklahoma, années 1920. Une vague de meurtres secoue la communauté des Indiens Osages, sur fond de tensions raciales. Entre western et film noir, Scorsese délaisse ses accents baroques pour signer trois heures et demie d’une fresque historique vibrante.
Martin Scorsese, le plus cinéphile des cinéastes américains, aura attendu d’avoir 80 ans pour réaliser son premier western. La formidable enquête de David Grann sur la tragédie des Indiens Osages lui a permis de concrétiser son rêve. Killers of the Flower Moon remet ainsi en lumière ce peuple devenu immensément riche au début du xxe siècle après qu’ont été découverts d’importants gisements de pétrole sous la terre de l’Oklahoma, a priori misérable, que le gouvernement américain lui avait attribué de force. Un afflux d’argent soudain qui a très vite excité les convoitises…
C’est dans ce contexte tendu que, au lendemain de l’armistice de 1918, Ernest Burkhart (Leonardo DiCaprio), un petit Blanc du coin, revient au pays auréolé d’un prestige de pseudo-héros de guerre. Il est accueilli par son oncle, William Hale (Robert De Niro), un riche fermier qui admire la civilisation des Osages et se dit proche d’eux. Hale persuade son neveu qu’il aurait tout intérêt à épouser une de ces « millionnaires rouges » pour assurer sa situation. Ernest jette son dévolu sur Molly (Lily Gladstone), qui devient rapidement sa femme. Peu de temps après, une série de meurtres commence à toucher les Osages et, notamment les sœurs de Molly…
Les trois heures et vingt-six minutes du film (très long générique final inclus) ne sont pas de trop pour développer une intrigue complexe aux ramifications sociologiques et historiques nombreuses. Avant les premières morts suspectes, Scorsese prend le temps nécessaire pour planter le décor, montrer comment les Osages tentaient de rester fidèles à leurs traditions tout en vivant en nababs dans des manoirs de maître, avec des Blancs comme domestiques – de quoi aviver le ressentiment et la jalousie de ces derniers. La dernière partie se concentre sur l’enquête patiente menée par l’inspecteur fédéral Thomas Bruce White (Jesse Plemons) qui marqua les débuts du FBI fondé par J. Edgar Hoover – lequel se montra par la suite beaucoup moins sensible au sort des minorités aux États-Unis, mais c’est une autre histoire…

Le western se teinte de film noir quand Scorsese chronique la succession des meurtres avec une précision sèche, clinique – on est loin de sa mise en scène baroque de la violence dans Les Affranchis ou Casino. Killers of the Flower Moon s’enfonce progressivement dans les ténèbres par la grâce des éclairages superbes mais parcimonieux de Rodrigo Prieto. Cette tonalité crépusculaire, qui rappelle les plus beaux films de Clint Eastwood, est d’autant plus saisissante que Martin Scorsese semble, lui, avoir retrouvé une créativité de jeune homme – on vous laisse découvrir l’astuce géniale qu’il a trouvée pour remplacer les cartons qui, dans tous les autres films hollywoodiens, détaillent aux spectateurs l’avenir des protagonistes une fois l’intrigue bouclée.

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