Sirocco et le royaume des courants d’air

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A partir de 6 ans – De Benoît Chieux

Avec Loïse Charpentier, Maryne Bertieaux, Aurélie Konaté
1h 20min | Animation

Synopsis et critique : Utopia

Sélectionné en compétition officielle lors du dernier Festival d’Annecy où il a reçu le Prix du public, Sirocco et le royaume des courants d’air est une nouvelle preuve de la richesse, de l’inventivité, de la créativité, bref du talent des studios d’animation made in France. En l’occurrence, Benoît Chieux n’est pas un inconnu – les plus perspicaces, les plus attentifs auront reconnu la signature d’un des plus talentueux artistes, artisans, piliers de la discipline : on lui doit déjà, sous la bannière des studios Folimage, le merveilleux Tante Hilda ! (2013, co-réalisé avec Jacques-Rémy Girerd) et le classique, l’incontournable Patate et le jardin potager, (court-métrage co-réalisé avec Damien Louche-Pélissier). Deux essais, deux coups de maître : autant dire que nous étions quelques-uns à attendre fébrilement la sortie de ce premier long-métrage porté par lui de A à Z.

D’une poésie folle, porté par une musique à l’impact émotionnel puissant, Sirocco nous transporte dans un monde imaginaire foisonnant : des bestioles un peu dingos aux allures de grenouille, des petites filles dégourdies qui n’ont pas la langue dans leur poche, une chanteuse au charme mystérieux et une ribambelle d’engins volants tous plus incroyables les uns que les autres… Mais le cœur de l’histoire, c’est un livre… et pas n’importe lequel. C’est celui qui occupe les jours et les nuits d’Agnès, écrivaine passionnée qui vient juste d’achever un chapitre du prochain tome de sa série pour enfants intitulée « Le Royaume des courants d’air ». Dans cette saga, il est question d’un magicien terrifiant, Sirocco, de Selma, une cantatrice à la voix de velours dont le chant s’élève bien au-dessus des nuages et d’un monde qui vit au rythme des tempêtes, du souffle doux ou impétueux du vent.

Quand Juliette et Carmen, deux sœurs intrépides de 5 et 8 ans, débarquent chez Agnès, qui est une amie de leur maman, pour y passer la soirée, elles ne se doutent pas encore qu’elles vont vivre une extraordinaire aventure… Au détour d’un passage secret, les voilà propulsées dans le royaume des courants d’air, au cœur des pages de ce livre qu’elles connaissent et qu’elles adorent. Mais comme souvent quand des terriens pénètrent sur les terres interdites des mondes imaginaires, les portes se referment aussitôt derrière elles et les voilà coincées entre les lignes, transformées en chats ! Dans leur quête pour retrouver le chemin de la maison d’Agnès, elles seront bien heureusement aidées par Selma et son incroyable machine à survoler les murmures du vent. Il se pourrait même que Sirocco, qui cache sous ses airs de méchant de l’histoire un cœur tendre qui bat la chamade aussi fort que le grondement du tonnerre, vienne à leur secours.

Le vent, qui est ici à la fois l’élément brut mais aussi une métaphore du souffle de la vie, de la respiration, est véritablement l’âme de ce film. Benoît Chieux parvient avec un talent d’orfèvre à faire le portrait de cet élément impalpable avec grâce et poésie. Au-delà de la beauté des images, le récit nourrit avec humour et fantaisie sa part d’aventure et comblera les plus jeunes spectateurs. Les plus âgés sauront sans doute y lire, entre les lignes, une histoire de deuil, de résilience et de spiritualité. Car les courants d’air emportent les chuchotements murmurés dans le creux des oreilles… Dès lors, la frontière entre les mondes est peut-être plus fine qu’on ne le croit, aussi fine que l’écho lointain du souvenir d’un timbre de voix…

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