VF – De Bong Joon Ho
Avec Robert Pattinson, Naomi Ackie, Steven Yeun
5 mars 2025 en salle | 2h 17min | Action, Comédie, Science Fiction
Synopsis et critique : Utopia
Bong Joon Ho, le plus talentueux sans doute des cinéastes coréens qui ont bousculé et vivifié le cinéma mondial depuis une bonne vingtaine d’années, est de retour presque six ans après son formidable et triomphal Parasite (pour rappel : Palme d’Or du Festival de Cannes 2019, Oscar 2020 du Meilleur film, une première pour un film en langue étrangère, pas loin de 2 millions de spectateurs dans les salles françaises…). Un parcours sans faute pour ce réalisateur surdoué qui dès son second film, Memories of murder (signé d’un cinéaste à l’époque très peu connu mais déjà première page de notre gazette !), venait jouer dans la cour des grands, rencontrant depuis, à chaque sortie, un succès critique et public bien mérité. Rassurez-vous : avec Mickey 17, Bong Joon Ho met encore une fois dans le mille !
Mickey est un « remplaçable », un être humain consommable, dont le corps peut être réimprimé à volonté et la mémoire sauvegardée afin de servir les intérêts d’une colonie spatiale partie s’installer sur une planète extra-terrestre. Tests scientifiques dans le but d’élaborer un vaccin, premier contact avec des « gentils » aliens ou périlleuse mission de réparation de la navette, les usages de Mickey sont multiples et indispensables à la réalisation du grand projet du capitaine du vaisseau, l’entrepreneur proto-fasciste Kenneth Marshall (Mark Ruffalo) : coloniser une nouvelle planète selon des principes qui apparaissent rapidement eugénistes. Au moment où débute le film, Mickey 17, dix-septième version donc du personnage, échappe de justesse à une mort programmée et se retrouve donc en face de son successeur déjà mis en service, Mickey 18…
S’ensuit une intrigue rocambolesque et jouissive à base de ménage à trois, à quatre… À base aussi de maltraitance extra-terrestre (on pense à des films précédents de Bong Joon Ho : The Host, Okja) et surtout du spectacle d’un capitalisme populiste et grand guignolesque incarné par un Mark Ruffalo assez génial dans cet évident double décalque de Donald Trump et Elon Musk.
En proposant une satire politique de notre époque (jamais écrasante ou futile), déguisée en film de science-fiction, Bong Joon Ho s’empare avec acuité des menaces qui contaminent toujours un peu plus notre planète afin de mieux les contrecarrer, n’oubliant pas au passage de nous en mettre plein les mirettes grâce notamment à une mise en scène à couper le souffle et une pléiade d’acteurs et d’actrices formidables ! (avec l’aide de Bruno Deruisseau, Les Inrocks)