Hiver à Sokcho

Chargement Évènements

VOST (KOR) – De Koya Kamura

Avec Roschdy Zem, Bella Kim, Park Mi-hyeon

8 janvier 2025 en salle | 1h 45min | Drame

Synopsis et critique : Utopia

« Ni tout à fait d’ici… ni vraiment de là-bas ». C’est une maxime qui traverse le cœur de tous les binationaux, quel que soit le pays, la culture, la langue. Le sentiment de n’être jamais vraiment tout à fait au bon endroit, à sa juste place, l’impression intime, complexe et parfois déstabilisante de marcher en permanence sur un pont fragile entre deux rives.
Adaptation fidèle, par un Franco-japonais, du roman d’une Franco-coréenne, tourné dans une petite ville portuaire de Corée du Sud non loin de la frontière avec celle du Nord, Hiver à Sokcho évoque avec une profonde délicatesse ce voyage entre deux territoires qui s’interrogent, s’interpellent, se tournent autour, deux mondes qui s’attirent mais qui ne se comprennent jamais totalement. C’est un film feutré qui avance doucement, comme une marche prudente sur la neige… à petits pas, en demi-teintes, dans la nuance et les non-dits, dessinant à l’encre de Chine l’histoire d’une rencontre entre deux âmes sensibles.

C’est l’hiver à Sokcho lorsque débarque avec sa valise Yan Kerrand, un dessinateur venu chercher l’inspiration pour son prochain recueil, loin de sa Normandie mais surtout loin de sa notoriété. Il veut faire ici ce qu’il fait partout ailleurs et ce qui a fait la renommée de son travail : observer, écouter, ressentir et capter l’insaisissable. Yan est un taiseux, Yan est un austère, du genre qui ne se lie pas facilement, qui ne se raconte pas, qui ne fait pas semblant d’être ni trop poli, ni trop avenant.
La pension qui va l’héberger est tenue par un veuf plus tout jeune et par sa jeune employée Soo-Ha. La jeune fille est franco-coréenne mais ne connaît ni son père, ni la France dont, plus jeune, elle a pourtant rêvé à travers ses études de lettres. Comme Yann elle n’est guère bavarde, comme lui elle n’aime pas faire semblant, même si avec son petit copain – qui rêve de devenir mannequin à Séoul et parle déjà de faire appel à la chirurgie esthétique pour se façonner un visage et un corps parfaits ! –, elle n’est pas tout à fait sincère.
Parce qu’elle parle français et que le patron pense que c’est un excellent moyen pour faire marcher les affaires (les touristes sont rares en cette période de l’année et il faut les chouchouter), elle va, un peu à contre-cœur, servir de guide à ce grand type mystérieux qui l’agace autant qu’il la fascine.
Au gré de leurs échanges, c’est leur vie à chacun qui se lit dans les ombres. Celle d’une jeune fille blessée qui, tout en s’en défendant, porte le poids amer de l’abandon. Celle d’un homme solitaire qui a si bien dissimulé ses émotions qu’elles ne parviennent plus à briser la distance qu’il a mis entre lui et le monde.
Autour d’eux, une ville en pleine mutation, des soldats à la frontière, des poissons volants et des venimeux, ces « fugu » que la mère de Soo-Ha prépare et qui peuvent, de leur poison, tuer un homme… Mais pour l’heure, c’est bien la vie qui va se mettre à battre un plus intensément pour la jeune fille et l’artiste français.

« Le film réalisé par Koya, avec la contribution de toute l’équipe, me bouleverse au-delà de sa beauté formelle : il pose des projecteurs dans des recoins de mon monde intérieur que je n’avais pas forcément visualisés lors de l’écriture, mais qui forment un ensemble parfaitement cohérent, avec sa poésie et ses violences propres. Merci ! » Elisa Shua Dusapin, autrice du roman Hiver à Sokcho

Aller en haut