Kinds of kindness

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VOST (EN) – De Yorgos Lanthimos

Avec Emma Stone, Jesse Plemons, Willem Dafoe
26 juin 2024 en salle | 2h 44min | Drame

Synopsis et critique : Utopia

Yórgos Lánthimos qualifie Kinds of kindness de « fable en triptyque ». On y a vu, de notre côté, un récit de trois nouvelles qui, chacune à sa manière, déclinent les mêmes thèmes : l’autorité, l’emprise, le libre arbitre, la dépendance affective et le désir d’appartenance. Motifs que Lánthimos et son co-scénariste, Efthymis Filippou, ont tricotés en mailles serrées, enchevêtrées jusqu’à l’excès.
À ce canevas le cinéaste a adjoint une sauce piquante qu’on lui connaît bien. Une pincée de cruauté, une bonne dose de perversité, une pointe d’humour et une giclée de sang frais. Le plat est salé. Trop parfois…
Reconnaissons-le néanmoins, Yórgos Lánthimos réalise avec Kinds of kindness un film sobre − il a été tourné en format panoramique sur pellicule −, plus proche de ses débuts que de ses dernières compositions baroques. Remisant au placard costumes d’époque, décors d’apparat et monstres fabriqués, le cinéaste semble s’offrir une pause entre deux productions lourdes. Et met cette fois en lumière (naturelle) une société américaine contemporaine (plutôt aisée), dont les habitants, malgré une apparence similaire à la nôtre, n’en dégagent pas moins une sorte d’étrangeté inquiétante qui suffirait à leur accorder le statut de créatures.
Celles-ci, bien barrées tout de même, traversent trois histoires qui s’entremêlent et se répondent, déportent et multiplient les points de vue autour de couples et d’amitiés dont les cartes se redistribuent à mesure des épreuves auxquelles ils sont soumis. Les acteurs, dont la permanence crée une sorte de fil rouge, changent de personnages d’un récit à l’autre. Les liens qui les unissaient précédemment revêtent d’autres formes, se perpétuent en traînées de poudre, se brisent selon les forces qui les dirigent, les contraintes qui les freinent.
Un homme marié (Jesse Plemons), soumis chaque matin aux ordres d’un patron (Willem Dafoe), obéit au doigt et à l’œil. Mange et boit ce qui lui a été dicté, prend du poids ou maigrit, lit Anna Karénine, fait l’amour à sa femme (ou pas), renverse un homme dans la rue, selon le bon vouloir du maître dont il finira par s’émanciper.
On le retrouve ensuite en policier inquiet de la disparition en mer de son épouse (Emma Stone). Lorsque celle-ci réapparaît, elle ne lui semble plus tout à fait la même. L’intuition vire au délire paranoïaque qui agira aux dépens de la rescapée. Et au profit d’une folie proprement dévorante.
Le maître de la première histoire, quant à lui, sera « devenu », dans la troisième, gourou au sein d’une secte qui tente de trouver le moyen de ressusciter les morts. Quitte, pour y parvenir, à commettre des meurtres.

Dans ce jeu à tiroirs, dont il n’est ici livré qu’un pauvre aperçu, dans cet espace plein de farces et de trappes, où les personnages tentent de trouver celui de leur liberté, le spectateur, lui, se perd, s’amuse, s’échine à trouver les correspondances qui pourraient l’éclairer. C’est au fond un casse-tête que met en scène Yórgos Lánthimos…

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