[Cinéma] – VOST (JP) – De Ryôta Nakano
Avec Kazunari Ninomiya, Haru Kuroki, Satoshi Tsumabuki
2h 07min / Comédie
Synopsis et critique : Utopia
Dans la famille Asada, chacun a un rêve secret : le père aurait aimé être pompier, le grand-frère pilote de formule 1 et la mère se serait bien imaginée en épouse de yakuza ! Masashi, lui, a réalisé le sien : devenir photographe. Grâce à son travail, il va permettre à chacun de réaliser que le bonheur est à portée de main.
Sait-on jamais vraiment pourquoi l’on choisit une destinée ou dans quel recoin de notre histoire naissent nos désirs ? Pour Masashi, c’est simple : il aura suffi que son père lui offre un appareil photo pour que le déclic se fasse, à 12 ans. Déjà à l’époque, il avait son credo, la base même de son style : refuser d’appuyer sur le déclencheur sans avoir totalement compris son modèle… À ce stade, seule son amoureuse de toujours Wakana – l’actrice Haru Kuroki, encore une fois sublime, qui a reçu comme Prix le César japonais pour son rôle – et sa propre famille (père, mère et frère) avaient ainsi eu les honneurs d’un portrait. On aurait pu croire qu’une fois adulte, Masashi expérimenterait ailleurs…
Devenu grand, le jeune homme, convaincu qu’il a déjà tout capté de ses semblables, flâne pourtant sans but chez ses parents. Et c’est son père qui lui offrira le deuxième déclic. En lui confessant combien il regrette de n’avoir jamais cultivé sa vocation, lui qui se prédestinait à être pompier. Qu’à cela ne tienne : Masashi épongera les torts du passé en rendant à chacun son destin. Son premier projet photo est lancé, qui tapera dans l’œil d’une éditrice. Renouer avec les aspirations de sa famille en les grimant tour à tour en modèles sur ses tournages improvisés : femme de yakuza, champion de formule 1, pêcheurs ou patrons d’un restaurant de ramen…
Doucement, le photographe glisse de sa famille à celle des autres, mettant toujours en scène le scénario des désirs cachés de chacun. L’ultime déclic – celui qui l’élèvera à un niveau supérieur – surviendra avec la catastrophe de Fukushima. Face aux douleurs des familles, son art prend un tour essentiel, sa vie aussi, en mettant un point d’honneur à retrouver les images des proches disparus, celles et ceux qu’on ne peut plus revoir, mais qui existeront éternellement sur pellicule…
Si vous avez aimé le long-métrage Une affaire de famille, Palme d’or 2018, La Famille Asada est fait pour vous, chers spectateurs ! Le film y suit une tribu tout aussi décapante et fantastique que celle du cinéaste Hirokazu Kore-eda, capable de transfigurer son monde, cette fois inspirée par la famille – véritable – du photographe Masashi Asada. Par le biais de la photographie, médium employé pour figer rêves et mémoire, le film rend hommage aux choses simples de la vie, ces infimes miracles qui ne disent pas leur nom mais bousculent les êtres, les animent, aident à ne pas sombrer et à avancer. Bien plus qu’un film de genre « feel good movie », c’est une fiction bouleversante, d’une humanité rare, qui nuance ses traits et sème des petits cailloux qu’il vous faudra récolter un à un, au fil de ses pages.