VF – De Gilles Lellouche
Avec Adèle Exarchopoulos, François Civil, Mallory Wanecque
16 octobre 2024 en salle | 2h 40min | Comédie, Romance, Thriller
Synopsis et critique : Utopia
Fort de l’immense succès de son premier film, Le Grand bain, Gilles Lellouche arrive en conquérant sur les écrans avec ce nouvel opus pour lequel il a eu, de toute évidence, de gros, très gros moyens. Lors de sa présentation au dernier festival de Cannes, on a lu et entendu des mots assez durs de la part des critiques. On va tranquillement les laisser de côté et saluer ici ce qui nous semble être au contraire une belle réussite, un pur moment de cinéma avec plein de choses formidables dedans. Lellouche a eu des moyens, tant mieux pour lui parce qu’il réalise pour le coup exactement le film qu’il a voulu faire : une œuvre flamboyante, une fresque explosive, ambitieuse, soignée. Il s’est fait plaisir, clairement, et on lui pardonne bien volontiers quelques maladresses de mise en scène, quelques débordements émotionnels, quelques petites choses en trop. Le film tient absolument la route de ses deux heures et quarante et une minutes, durée justifiée par l’envergure narrative et par l’attention extrême apportée à l’évolution psychologique des personnages. Rien ici ne semble avoir été choisi au hasard et l’impression d’harmonie et de sincérité qui se dégage du film joue pour beaucoup dans sa réussite.
Alors oui c’est baroque, oui c’est excessif, oui c’est chorégraphié, oui c’est parfois un peu manichéen, oui la bande originale du film qui fait la part belle aux années 80 est omniprésente et oui, Gilles Lellouche est peut-être un éternel grand ado un peu fleur bleu. Avec ses loubards qui surjouent la virilité et ses héroïnes qui préfèrent la séduction canaille des voyous au charme très discret des petits bourgeois, Lellouche assume un récit « à l’ancienne », ce qui semble presque exotique en ces temps de déconstruction tous azimuts… mais finalement, c’est pas si mal. Personne ne reproche à Audrey Diwan (au demeurant partenaire dans l’écriture du scénario) d’avoir ressorti des tiroirs le très daté Emmanuelle !
Quoi qu’il en soit, chacun jugera, mais quelque chose me dit qu’une fois encore, il y aura peut-être un décalage entre la critique et l’accueil du public…
L’amour est fou quand il a 15, 16 ans. Dans cette petit ville du Nord de la France, celui qui va frapper la jeune Jackie, sage et studieuse jeune fille élevée par un papa (poule) solo (Alain Chabat, touchant, juste et drôle) et Clotaire, l’enfant terrible d’une famille modeste ne naît pas, comme souvent, au premier regard. Il va se construire, se faufiler entre les conventions sociales et les interdits parentaux, se glisser dans le casque d’un walkman et puis faire l’école buissonnière, dans une nature encore sauvage bercée par les rires d’une bande de gamins en mob. Ces deux-là s’aiment très intensément mais ça ne suffira pas… Parce que Clotaire est un mauvais garçon, un voyou, un gamin en colère et en manque de reconnaissance et qu’il va jouer dans la cour de plus grands, plus méchants et bien plus violents que lui. Jackie alors n’aura que ses larmes pour pleurer son amoureux…
On les retrouvera vingt ans plus tard… lui sortant de prison avec en tête l’idée de rattraper le temps volé, elle mariée à un connard en costard (Vincent Lacoste, flamboyant), engoncée dans une vie domestique bourgeoise à laquelle elle fait semblant de croire. Alors vont-ils se reconnaître ? Vont-ils se retrouver ? Vont-il, à nouveau, s’aimer ?
Nous sommes emportés par l’énergie folle du récit, par la justesse de jeu de l’ensemble des comédiens, par l’évident plaisir avec lequel tout ce petit monde semble avoir participé à l’aventure.