L’arbre aux papillons d’or

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VOST (VN) – De Pham Thiên Ân

Avec Le Phong Vu, Nguyen Thi Truc Quynh, Nguyen Thinh
2h 58min / Drame

Synopsis et critique : Lebleudumiroir.fr

Après la mort de sa belle-sœur dans un accident de moto à Saigon, Thien se voit confier la tâche de ramener son corps dans leur village natal. Il y emmène également son neveu Dao (5 ans), qui a miraculeusement survécu à l’accident. Au milieu des paysages mystiques de la campagne vietnamienne, Thien part à la recherche de son frère aîné, disparu il y a des années, un voyage qui remet profondément en question sa foi.

Pham Thien An est de ces auteurs qui, en quelques plans, définissent un territoire et l’impriment pour toujours dans nos rétines. Ce tour de force est établi par un premier film de fiction, L’arbre aux papillons d’or, qui intervient après deux court-métrages remarqués en festival, et qui dessine immédiatement les contours d’une œuvre d’ores et déjà à suivre. C’est au Vietnam que se déroule l’histoire, pays surtout connu au cinéma par les films étasuniens relatant cette fameuse guerre du tournant des années 1960-1970. Le regard porté sur son pays propose un projet de mise en scène qui n’aura de cesse de jongler entre la surprise et l’étonnement, dans un rythme très narratif, mais aussi très lent, qui laisse la part belle au plan et à l’établissement d’une esthétique unique et singulière.
Sans jamais perdre de vue son histoire, Pham Thien An utilise tous les moyens à sa disposition pour créer un film différent, à la fois préoccupé par l’histoire intime de ce personnage et son neveu, mais aussi par tout le territoire vietnamien qui est magnifié à chaque scène.
L’onirisme et la poésie de L’Arbre aux papillons d’or font penser au Taïwan d’Hou Hsiao Hsien, celui découvert en 1984 avec son grand film Les Garçons de Fengkuei.
En partant sur la route, Thien, va à la rencontre des vestiges des fondations de son berceau familial. Tous et toutes ont quitté le village des origines, les parents vers les Etats-Unis, les frères et sœurs vers d’autres lieux. Ce grand frère, disparu et perdu de vue, devient un prétexte pour revisiter l’enfance, et par là s’interroger sur le sens de la vie par le biais de cet enfant à élever. Thien va se dissoudre complètement à la fois dans le temps mais aussi dans l’environnement, perdu dans les fantômes du passé, dont il ne subsiste plus que des énergies fugaces. On se souvient vaguement d’un nom, d’une maison, sans être jamais vraiment sûrs de rien.
Ce chassé-croisé entre rêve et réalité, entre responsabilité très concrète et fuite du présent qui se marque dans l’histoire et sur l’écran, accouche d’un film à l’arôme si particulier qu’on a parfois le sentiment de réapprendre des motifs aussi banals que le flash-back ou le travelling. L’arbre aux papillons d’or, titre sublime, est un film rare et puissant qui atteste de la naissance d’un auteur au style très assuré et qu’il faudra suivre de très près.

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