De Michel Seydoux, Laurent Charbonnier
1h 20min / Aventure, Famille
Synopsis et critique : Utopia
Il est possible que les puristes, les amoureux de la boue qui colle sous les bottes après une grosse averse, ceux qui aiment la purée de pois ou les petites bêtes qui piquent trouvent ce film un peu… artificiel. D’une certaine façon, il l’est, et de manière parfaitement assumée. Car même si tous les paysages et animaux sont réels, il y a peu de chance pour que, dans la vraie vie et en 1h20 seulement, se rencontrent pile poil sous le même arbre : une famille de sangliers, un écureuil en quête de nourriture, une colonie de mulots, un hibou, une couleuvre, des geais de chêne, des fourmis, des grenouilles… Difficile aussi de voir en temps réel la naissance d’un champignon, les saisons qui s’écoulent et l’insecte sortir de son cocon.
C’est le parti pris de la mise en scène : nous montrer, dans un cadre méticuleusement choisi et retravaillé, le formidable écosystème qui naît, pulse et s’éteint, des racines à la cime d’un chêne bicentenaire. Le chêne, considéré comme le roi des arbres, symbolisant puissance et pérennité. Le résultat est tout simplement captivant, à la fois magique et émouvant.
Des images sublimes, une lumière sophistiquée racontent cette histoire avec rythme et précision, comme s’il s’agissait d’un film d’aventures. Sans une parole, sans un sous-titre mais avec une bande originale qui colle toujours parfaitement aux événements (quelques standards tombant à pic pour illustrer une course poursuite dans les airs ou le réveil affamé des oisillons), le spectateur est littéralement happé dans cet univers grouillant de vie et de rebondissements. Que vous ayez 6 ans ou un peu plus, il vous sera difficile de ne pas craquer pour cette famille de mulots dans son T3 souterrain régulièrement menacé par la pluie, de ne pas sourire devant la séance d’auto-papouilles dorsale du sanglier et de ne pas être touché par cet écureuil volant en quête du saint gland, comme un clin d’œil au célèbre personnage Scratch de la série L’Age de glace.
Alors oui, c’est bien propre et lisse, sans violence, tout en douceur… et après ? Le message passe, et il enchantera les plus jeunes : la nature est belle, sauvage, suit son rythme et ses règles loin de la folie des hommes… Pour l’aimer et la respecter, il faut savoir aussi, et peut-être avant tout en apprécier la délicate et simple beauté.