1964 – De Jacques Demy
Avec Catherine Deneuve, Nino Castelnuovo, Anne Vernon
1h 31min / Comédie musicale
Synopsis et critique : Télérama
« Les Parapluies, c’est un film contre la guerre, contre l’absence, contre tout ce qu’on déteste et qui brise un bonheur. » Jacques Demy
Guy et Geneviève s’aiment avec la ferveur idéaliste de la première fois. Il a vingt ans et travaille dans un garage. Elle a dix-sept ans et vit avec sa mère marchande de parapluies. Laquelle ne voit pas cette idylle d’un très bon œil, elle aurait souhaité un meilleur parti pour sa très charmante fille. Du moins un plus riche parti tant elle est pressée par les dettes… Cherbourg c’est loin de l’Algérie mais là-bas la guerre fait rage et Guy reçoit sa feuille de route : il doit partir pour deux ans. Enceinte de lui, Geneviève promet de l’attendre. Après son départ, elle ne reçoit plus aucune nouvelle…
Opéra de quatre sous transformé en tragédie mythique, ce film a la grâce des paris fous que l’on se lance sur un coup de tête. Adieu, les pirouettes fantaisistes et envolées gratuites des grandes comédies musicales hollywoodiennes… Chanter devient aussi naturel que respirer. Jacques Demy aime et ose le lyrisme. S’il ressemble parfois à un enfant qui fait du coloriage en sifflant des comptines, méfiez-vous de l’eau qui dort à côté de la gouache lumineuse.
Dans Les Parapluies de Cherbourg, les chansons aériennes camouflent la chamade des cœurs fragiles. Et les papiers peints bariolés cachent de profondes fêlures humaines. Dès le générique, Cassandre chuchote ses prémonitions. Rouges, bleus, verts, jaunes, roses, les parapluies défilent en cadence sur le pavé mouillé, avant de laisser la couleur noire fermer le cortège : quatre grands parapluies, deux petits…
Clin d’œil sinistre à la situation familiale des personnages à la fin du film. Un bonheur sans nuages ne dure jamais longtemps, semble pleurer Jacques Demy. C’est pourtant lui qui signera, deux ans plus tard, le chef-d’œuvre de la félicité absolue : Les Demoiselles de Rochefort.