Lettre d’une inconnue

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[Cinéma] – VOST (US) – 1948 – De Max Ophüls

Avec Joan Fontaine, Louis Jourdan, Mady Christians
1h 27min / Drame, Romance

Synopsis et critique : Utopia

Ce film sublime est une des preuves les plus éclatantes du pouvoir magique du cinéma. Si l’on met en effet à plat, un par un, les différents éléments de l’intrigue, on a un mélodrame de midinette qui a bien du mal à tenir debout. Mais à l’écran, mis en scène, en mouvement, en lumière par ce cinéaste génial qu’est Max Ophuls, on a une merveilleuse, une somptueuse, une déchirante tragédie d’amour qui vous enchante et vous bouleverse jusqu’aux larmes. Je ne sais pas si la nouvelle de Stefan Zweig ici adaptée fait le même effet à son lecteur, c’est possible sinon probable, en tout cas ce deuxième film réalisé aux États Unis par Ophuls est un de ses chefs d’œuvre absolus, l’égal de sa plus grande réussite française, Madame De.

Vienne, tout début du xxe siècle. Sur le point de s’enfuir pour éviter de se battre en duel avec un mari trompé – son honneur ne lui importe pas au point de risquer de mourir pour le défendre –, Stefan Brand, un pianiste célèbre mais sur déclin, reçoit une lettre d’une certaine Liza Berndle, dont le nom ne lui évoque absolument aucun souvenir. Il commence à lire et apprend qu’il l’a rencontrée plusieurs fois au cours des années, sans la reconnaître, sans même la voir. Et pourtant… Liza lui rappelle qu’elle l’a connu alors qu’elle était sa toute jeune voisine, qu’elle s’est follement éprise de lui, qu’il l’a aimée brièvement, qu’il l’a quittée et oubliée du jour au lendemain… lui laissant un enfant dont il a toujours ignoré l’existence… Et elle de son côté l’a toujours aimé, d’un amour d’autant plus absolu qu’elle savait qu’il était sans espoir…

On ne sait pas ce qui est le plus bouleversant : cette femme (Joan Fontaine, étincelante, qui arrive à nous faire oublier ses trente ans lorsqu’elle joue l’héroïne adolescente…) qui, mourante, écrit à un bel indifférent qui aura croisé sa route sans jamais la reconnaître, ou les larmes soudaines du don Juan devant sa vie, qu’il devine perdue. Le style d’Ophuls est à son apogée : des mouvements de caméra incroyables saisissent la lâcheté des hommes et la vulnérabilité des femmes.

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