Past lives – Nos vies d’avant

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VOST (US) – De Celine Song

Avec Greta Lee, Yoo Teo, John Magaro
1h 46min / Drame

+ 2 minutes – 2018/FR/2mn (court métrage précédant le film)

Synopsis et critique : Ledevoir.com

À 12 ans, Nora et Hae Sung ont un premier rendez-vous vaguement amoureux. Leur complicité est évidente. Mais Nora quitte peu après la Corée du Sud pour le Canada avec ses parents. Douze ans plus tard, les deux jeunes gens renouent grâce aux réseaux sociaux. Elle habite New York, où elle aspire à être dramaturge, tandis qu’il termine à Séoul ses études d’ingénieur. C’est comme s’ils s’étaient parlé la veille. Troublée par cette relation virtuelle qui n’est pas amoureuse, mais assurément plus qu’amicale, Nora prend un pas de recul. Douze autres années passent… En partie inspiré par la vie de la cinéaste Celine Song, Past lives est un récit d’amour impossible d’une délicatesse et d’une subtilité inouïes.

Dramaturge comme son héroïne, Celine Song a construit de merveilleux personnages à qui elle a écrit des dialogues pleins d’acuité, dont le réalisme se colore volontiers de poésie. Lorsque Hae Sung se souvient que Nora pleurait tout le temps, enfant, elle lui rappelle qu’il était le seul à pouvoir la consoler. Elle affirme ne plus pleurer désormais. « Pourquoi ? » demande-t-il. « Quand nous avons immigré, je pleurais beaucoup, mais tout le monde s’en fichait, alors j’ai arrêté. » Entre Nora et Hae Sung, c’est comme si l’heure était en permanence à la confidence… Il y a par exemple cette scène où Hae Sung demande à Nora si, en supposant qu’elle ne soit pas partie de Séoul, ils se seraient selon elle mariés, ou pas. Puis séparés, ou pas. Ils ne le sauront jamais. Dès lors, leurs échanges sont empreints d’une note de regret, de mélancolie, d’autant plus difficile à chasser qu’elle ne repose sur rien de tangible.
Et Nora d’épouser Arthur, un écrivain qu’elle aime sincèrement, et avec qui elle a beaucoup en commun… À l’inverse, Hae Sung et elle sont toujours aux antipodes. Quand elle était une étudiante studieuse et ambitieuse, il faisait la fête entre les cours. À présent, elle est plus décontractée qu’autrefois, et lui, plus coincé. Pour autant, lorsqu’ils finissent enfin par être en présence l’un de l’autre, cette connexion invisible qui les unit est palpable. C’est inavouable, mais irrépressible. C’est compliqué. Douloureusement compliqué.
Bien que Past lives soit son premier film, Celine Song démontre une maîtrise peu commune du langage cinématographique. Son sens de l’image est exquis : tous ces panoramas urbains nocturnes, ce crépuscule champêtre aux cieux pastel avec silhouettes en contrejour… En un crescendo parfait, elle réussit à traduire la tension amoureuse à l’œuvre au moyen de compositions parlantes, comme ce gros plan des mains de Nora et Hue Sung qui se touchent presque, mais pas tout à fait, dans le métro : c’est électrique…
Dans un film hollywoodien, on saurait comment tout cela va s’enchaîner et se conclure. Sauf que Past lives n’est pas un film hollywoodien, et que rien n’y est convenu ou prévisible. C’est un film juste, vrai, et surtout follement romantique. Un film qui, à défaut d’une meilleure formule, est honnête dans sa manière de susciter des émotions.
D’ailleurs, sans trop en dire, on précisera qu’à un moment, Nora se laissera de nouveau aller à pleurer. Impossible de ne pas l’imiter. C’est triste, mais cathartique. C’est compliqué. Magnifiquement compliqué.

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