Perfect days

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VOST (JP) – De Wim Wenders

Avec Koji Yakusho, Tokio Emoto, Arisa Nakano
2h 05min / Drame, Comédie

Synopsis et critique : Utopia

Enfin ! avons-nous envie de dire. C’est un retour en force que célèbre Perfect days, tellement Wim Wenders, le réalisateur allemand le plus inspiré, le plus adulé, semblait depuis une bonne décennie avoir définitivement tourné la page de la fiction. Réservant le meilleur de son art au service de documentaires sur les pas de Pina Bausch, Sebastião Salgado, plus récemment Anselm Kiefer, on avait presque perdu l’espoir de retrouver le merveilleux conteur d’Au fil du temps, d’Alice dans les villes, de L’Ami américain ou de Paris, Texas. Sonnez hautbois, résonnez musettes ! Le Wim Wenders renouvelé est arrivé ! Ramassant dans un même geste de cinéma ample et généreux la beauté épurée de son style documentaire et son écriture fine, délicate, et bienveillante – qui parvient à exprimer tant de subtilité en si peu de mots. Parole : épuré, un peu comme un haïku cinématographique, Perfect days est un de ses plus beaux films.

Et pourtant – c’est à partir d’un projet architectural rien moins que poétique, lancé par la municipalité de Tokyo et la proposition faite à Wenders de réaliser une série de courts métrages sur les sanisettes tokyoïtes que ce film formidable a vu le jour. Mystérieuse alchimie du film de commande qui se transforme en œuvre d’art… Ni une, ni deux, le réalisateur s’attache à décrire, le plus simplement du monde, le quotidien d’un homme qui nettoie ces toilettes publiques. Et la magie opère…
Wenders nous amène donc à suivre le quotidien quasi millimétré de Hirayama, cinquantenaire mutique mais pas muet, qu’interprète avec une intensité retenue et finalement bouleversante l’acteur Koji Yakusho, que l’on avait découvert, il y a pas mal d’années maintenant, dans les films de Shôhei Imamura : L’Anguille et De l’eau tiède sous un pont rouge. Hirayama est un homme de routine, une routine que Wenders ne va pas hésiter une seconde à mettre en scène. On découvre ainsi que notre héros se réveille chaque matin au son du frottement du balai que passe sur le trottoir, avec une ponctualité toute suisse, la cantonnière de service. Suit, immuablement, le pliage du futon, le brossage des dents et l’arrosage minutieux des pousses d’arbres qu’il récolte de temps à autre durant ses périples dans Tokyo. Enfin, avant de monter dans sa camionnette, il achète, dans un distributeur automatique, sa dose de café en canette métallique. Autre marotte de notre sympathique homme de ménage : il écoute de la musique sur son auto-radio qu’il alimente en cassettes de groupes des décennies 70 et 80. Et évidemment, parmi ses morceaux favoris, le mythique Perfect day de Lou Reed.

Aussi discret, aussi mystérieux soit-il, on ne peut qu’aimer cet homme qui nous entraine dans son monde grâce à de petits riens qui prennent une importance capitale : regarder le soleil briller dans les feuilles des arbres, aller chercher un livre à la librairie, laver son linge au lavomatic ou se rendre aux bains publics. Et puis, dans ce quotidien que rien ne semble pouvoir bouleverser, des petits imprévus, des contretemps vont pourtant obliger Hirayama à s’ouvrir aux autres – et à nous, spectateurs, et nous faire entrevoir ce qui lui a fait préférer la solitude et apprécier la poésie des moments les plus simples de l’existence.
Perfect days est un film en état de grâce, zen et lumineux, sur les infimes bonheurs de la vie quotidienne, qui parlera à chacun et qui invite à ne surtout pas négliger les petits riens qui font du bien…

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