VF – De Emmanuel Mouret
Avec Camille Cottin, Sara Forestier, India Hair
6 novembre 2024 en salle | 1h 57min | Comédie dramatique, Romance
Synopsis et critique : Utopia
Y a-t-il une bonne façon d’aimer ? Un idéal à atteindre en amour ? Est-ce un sentiment qui se construit ? Qui se perd avec le temps ? Un coup de foudre, deux âmes qui se rencontrent et se reconnaissent en un éclair ou deux personnes qui apprennent à se connaître sur la durée ? L’amour doit-il être le sens de tout ? Peut-on arrêter d’aimer quelqu’un comme ça, « sans raison » ?
Emmanuel Mouret nous embarque une nouvelle fois, avec une maîtrise impressionnante et une délicatesse de chaque instant, dans les tourbillons de l’amour, dans la complexité des êtres et de leur manière de vivre ce sentiment si particulier, universel et en même temps si personnel pour chacun d’entre nous.
Joan se désole franchement de ne plus être amoureuse de Victor, et elle se sent tellement malhonnête de ne rien lui dire qu’elle en parle à ses deux amies. Alice la rassure comme elle peut : envers Éric, elle ne ressent aucune passion, pas l’ombre d’un grand sentiment amoureux et heureusement car grâce à cela elle n’est ni jalouse, ni accro et leur couple se porte à merveille ! Quant à Rebecca, elle entretient une relation un peu compliquée car cachée avec un mystérieux monsieur X qui pourrait ne pas être si éloigné du petit groupe…
Un soir, pressée par un Victor qui voit bien qu’elle n’est plus la même avec lui, Joan finit par lui avouer que, oui elle s’éloigne, elle prend ses distances, parce qu’elle sent bien au fond d’elle-même qu’elle n’est plus amoureuse et qu’elle n’arrive plus à faire semblant. Surtout face à lui qui est en admiration, qui lui voue un tel culte amoureux qu’elle culpabilise de ne plus ressentir pour lui qu’une profonde affection… Ça y est, c’est dit ! Et Victor évidemment n’arrive pas à le croire, à concevoir que l’on puisse arrêter d’aimer quelqu’un sans aucune raison : laissons faire un peu le temps, Joan est sûrement fatiguée et tout va revenir dans l’ordre. Mais si cela ne dérange pas Victor d’espérer, Joan trouve trop malsain d’être ainsi adorée alors qu’elle-même n’est plus au diapason. La rupture est entamée et le pire arrive : Victor disparaît. Brutalement. Et du jour au lendemain la vie des trois amies, leurs histoires vont s’en trouver bouleversées : la mort change le destin de celles qui restent, leur fait remettre en question certains de leurs choix.
Pendant que Joan culpabilise de la disparition de Victor et d’une nouvelle rencontre dans sa vie, Alice va se lancer dans une histoire passionnelle et Rebecca espérer plus de stabilité avec son monsieur X. Ça nous promet de l’épique, non ?
Dans Trois amies, Emmanuel Mouret nous offre une nouvelle tonalité, qu’on rencontrait peu dans son cinéma, celle du tragique, qui s’incarne essentiellement dans le magnifique personnage de Joan. Tragique heureusement contrebalancé par des situations comiques et les relations souvent cocasses avec ses deux amies. Et ça fonctionne à merveille, ça donne au récit une authenticité encore plus forte, plus parlante.
Comme d’habitude chez Mouret, les dialogues sont ciselés, empreints d’une vérité qui parle à tout un chacun. Tous les acteurs sans exception sont magnifiques (mention spéciale à India Hair, renversante), les cadrages sont somptueux, les hors champs intelligemment utilisés. On aime décidément beaucoup les films d’Emmanuel Mouret : Mademoiselle de Joncquières, Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait, Chronique d’une liaison passagère pour ne citer que les trois plus récents… Trois amies nous enchante à son tour, nous emporte, nous questionne et nous touche profondément.