Un hiver à Yanji

Chargement Évènements

VOST (CN) – De Anthony Chen

Avec Zhou Dongyu, Liu Haoran, Chuxiao Qu
1h 40min / Drame

+ La neige incertaine – 2022/FR/7mn (court métrage précédant le film)

Synopsis et critique : Baz-art.org

À Yanji, petite ville (400 000 habitants !) chinoise frontalière de la Corée du Nord, où la moitié de la population parle coréen, Nana, jeune guide pour touristes, rencontre Haofeng, venu de Shanghaï pour assister au mariage d’un ami et un peu perdu dans cette ville qu’il ne connaît pas. Visiblement touchée par ce jeune homme lunaire et triste, elle l’invite à dîner et lui présente Xiao, cuisinier dans un restaurant et amoureux éperdu d’une Nana qui ne semble pas partager ses sentiments.
Entre le citadin égaré et les deux jeunes gens incertains, coincés dans une ville presque étrangère, va rapidement se nouer une relation d’amitié amoureuse qui, passée l’ivresse festive, les conduira sur les pentes enneigées du mont Changbai. Ce séjour improvisé sera propice à l’introspection pour Nana, Haofeng et Xiao qui, tour à tour, dévoileront des failles béantes et des envies d’ailleurs jusque-là inexprimées.
Anthony Chen, cinéaste singapourien lauréat de la Caméra d’or en 2013 avec le très beau Ilo Ilo, dessine dans son nouveau film une carte du tendre entre Shanghaï et cette ville provinciale à l’extrême nord de la Chine et décrit le spleen d’une jeunesse chinoise déboussolée et désenchantée, presque gelée (puisqu’il est souvent question de froid, de neige, de glace dans le film) par les conventions sociales et l’avenir incertain.
Nos trois jeunes protagonistes n’ont pas encore trente ans et chacun semble chercher une place dans le monde et sonder déjà l’abîme entre leur vie rêvée et leur quotidien. Tous les trois sont en quête de repères, et doivent faire attention aux traumatismes qu’ils cachent et qui sont sur le point de ressurgir.

Le réalisateur traite ses personnages avec une grande délicatesse et une belle douceur, ce qui les rend très attachants. On pense parfois à Jules et Jim, pour cette histoire de triangle amoureux très nouvelle vague, mais aussi aux Anges déchus de Wong Kar-wai, pour l’atmosphère planante et mélancolique et une réalisation qui privilégie l’ambiance et le dialogue des corps et des regards plutôt que de longs discours. Dans Un hiver à Yanji, tout ou presque se joue dans l’échange de regards, ou dans le frottement d’un doigt contre une main… C’est notamment très prégnant dans la dernière partie du film, la plus contemplative, qui offre au spectateur de très belles séquences pleines de poésie…
Amitié, amours naissantes au cours d’une balade nocturne et musicale après une soirée de fête. Choix d’une nouvelle vie à l’âge de tous les possibles… Un hiver à Yanji, en permanence irrigué d’un charme électrique, envoûte par sa douceur et sa mélancolie sourde.

Aller en haut