VF – De Artus
Avec Artus, Clovis Cornillac, Alice Belaïdi
1er mai 2024 en salle / 1h39 min / Comédie
Synopsis et critique : Utopia
Pour échapper à la police, un fils et son père en cavale sont contraints de trouver refuge dans une colonie de vacances pour jeunes adultes en situation de handicap, se faisant passer pour un pensionnaire et son éducateur spécialisé. Le début des emmerdes et d’une formidable expérience humaine qui va les changer à jamais…
Pour son passage à la réalisation, le comédien et humoriste Artus s’attaque au sujet du handicap mental à travers une comédie burlesque et populaire. On aurait pu craindre le pire d’une telle entreprise, il s’avère que ce P’tit truc en plus parvient à convaincre par son atmosphère délicieusement feel-good et une distance parfaite avec le sujet qu’il traite. Le film suit un absurde duo père-fils de braqueurs, à la sortie d’une bijouterie qu’ils viennent de cambrioler. La Fraise (Clovis Cornillac, le père), un loubard vieux de la vieille, tente d’inculquer le métier à Paulo (Artus, le fils) mais ce dernier est bien trop gentil pour marcher dans ses pas. Les mains pleines de bijoux, ils trouvent l’opportunité d’échapper à la police en intégrant un groupe associatif venant en aide à des personnes en situation de handicap mental. Paulo devient Sylvain, tandis que La Fraise devient son accompagnant, lors d’un séjour ensoleillé où l’usurpation d’identité va devenir le cadet de leurs problèmes…
Avec ce premier film, qui rappelle souvent les excursions réalistes et attachantes des œuvres de Toledano et Nakache, Artus compose avec un sujet délicat, souvent moqué et réduit à une suite interminable de blagues insensibles, pour en faire une vraie comédie positive, particulièrement dans l’air du temps. La première excellente surprise se trouve dans le ton du récit, toujours sur le fil entre le burlesque, l’absurde et les pointes d’émotions, témoignant d’une écriture de très bonne facture qui réussit surtout à mettre toute sa galerie de personnages improbables au premier plan, sans en délaisser un seul. Artus compose une petite colonie de vacances où chacun sort du lot par sa personnalité forte (entre celui qui monologue sur la gouvernance de Sarkozy, celle qui attire les balles comme un aimant ou celui qui hurle les insanités les plus cathartiques aux moments les plus sensibles), témoin d’un travail appliqué de mise en scène et de connexions avec ses comédiens et comédiennes.
En allant chercher des personnes en situation de handicap et en leur accordant une confiance totale dans la construction de leurs personnages, Un p’tit truc en plus rayonne par sa générosité et par l’axe très bienveillant emprunté dans cette singulière aventure. La joyeuse petite bande, impeccablement interprétée par tous les comédiens non professionnels, forme un bel ensemble élégamment hétéroclite qui fournit au film une vraie force comique. Un p’tit truc en plus ne rit jamais de ses personnages, il donne à ses interprètes l’opportunité de faire rire avec tous leurs petits trucs. On s’attache très rapidement à cette famille improvisée et aux figures très humaines qui se dessinent à l’écran…
Avec ses co-scénaristes Clément Marchand et Milan Mauger, Victor-Artus Solaro (Artus de son nom de scène) réussit un joli petit premier film vibrant et lumineux, sans autre ambition que l’ode à la différence et au vivre-ensemble qu’il offre dans un écrin comique très bien dosé. Dans le cadre de la comédie française populaire qui, aujourd’hui, tend à répéter les mêmes poncifs et les mêmes erreurs en cédant à la facilité, Un p’tit truc en plus sonne comme une belle surprise, qui se regarde avec grand plaisir et qui appréhende son sujet en traitant sa représentation du handicap avec une légèreté et un sérieux très précieux.